Sucy, points d’histoire
Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (shas.fr)
Vous trouverez à la fin de cette lettre le bilan de l’exposition de septembre 2021
Comme de nos jours, les faits divers ne manquaient pas au XVIIIe siècle. Les chroniques de l’époque, mais aussi les actes judiciaires en faisaient état. Les archives ont heureusement préservé quelques documents nous les rapportant, tel le récit de cette agression en 1716.
REGLEMENT DE COMPTE A SUCY EN 1716
On fait parfois d’intéressantes découvertes dans les cartons gardés précieusement aux Archives Départementales du Val de Marne. Il s’agit le plus souvent d’archives notariales mais parfois on découvre un fait particulier traitant de la vie civile voire même d’un fait délictueux grave.
Le cas qui nous occupe sort de l’ordinaire tant par sa gravité que par la personnalité de ses acteurs.
Voici de quoi il retourne :
Demande déposée par Marie Bonnet contre Geneviève SOUCHET, femme de Emery LEMAIRE, son fils Pierre et Jeanne leur servante.
A Monsieur le Prevost de Sucy en Brie ou Monsieur son lieutenant, suplie humblemen Marie Bonnet, domestique de Jacques LEMAIRE laboureur demeurant au Grand Val size à Sucy disant que pour des exes et main mise en voie de fait commise en sa personne le 5 du présent mois d’août 1716 par Geneviève SOUCHET, femme de Emery LEMAIRE, laboureur demeurant au dit Sucy, Pierre LEMAIRE son fils et Jeanne leur servante domestique.( Elle souhaite la visite du chirurgien Antoine BERGERET) pour faire panser ou medicamenter ou alimenter elle voudrait obtenir sentence de provision alimentaire, laquelle ne peut faire s’il ne lui est pas par vous pour vous ce considerer Monsieur attendu ce que dessus adjuger à la supliante une somme de soixante livres de provisions alimentaires pour aider à la faire panser et médicaments ou telle austre somme qu’il vous plera, au paiement de laquelle il vous plaise.
Et voici le rapport de Maître BERGERET chirurgien daté du six août 1716
L’an mil sept cent seize et le sixième jour d’aoûst soubsigné A ntoine BERGERET maître chirurgien juré demeurant à Sucy en Brie certifie ce jour qu’il appartiendra, que en exécution de la demande de Monsieur le prevost du dit lieu ou Monsieur son lieutenant en datte du dit jour je me suis exprès transporté à la ferme du Grand Val ches Jacques LEMAIRE fermier,pour voir visiter Marie BONNET sa servante des coups et blesures dont elle se plaint, laquelle j’ai trouvé gisante au lict l’ayant visitée j’ay vu une contusion sur la partie moyenne du bras droit de la largeur de trois travers de doits avec noirceur à la circonference, une petite contusion sur la partie inferieure de l’avant bras gauche, une grande contusion sur la partie superieure du zygoma qui ocupe la partie inferieure de l’oeil gauche lesquels contusions me paroisent avoir été faite avec choses contondante comme cou de poin baston ou autre et pour obvier au simptome de la partie inferieure de l’oeil comme epanchement de sang la dite BONNET a éte saignée deux fois lesquelles contusions ne peuvent être guéries plustôt de huit jours après lequel temps la dite BONNET peut vaquer à es affaires domestiques ce que je certifie véritable fait à Sucy le jour er an que dessus. Signé BERGERET .
L’émotion suscitée par notre affaire était probablement comparable à celle de cette scène
Il s’agit dans le présent d’un litige entre les membres de deux grandes fermes de Sucy , la ferme de Pacy et la ferme du Grand Val . Il serait intéressant de savoir quelle décision a été prise par Monsieur le Prévôt ou son lieutenant .
Vu la violence de l’agression, l’affaire devait être sérieuse, certainement plus qu’un vol de poule ou une histoire de bornage de propriété.
Voyons les protagonistes de l’affaire :
– La plaignante Marie BONNET est une domestique de la ferme du Grand-Val dont le fermier est Jacques LEMAIRE. Qu’a-t-elle bien pu faire pour se voir infliger une telle correction ?
Du côté des agresseurs nous avons trois personnes :
– Jeanne, une servante domestique
-Pierre LEMAIRE présenté comme le fils de Emery LEMAIRE, il y a erreur sur le nom de son père . Ce que nous allons voir.
-Et enfin la responsable de l’agression et dirigeant la bande des agresseurs se nomme Geneviève SOUCHET
Elle n’est pas la première venue et son histoire est un véritable roman . Nous en reparlerons. En 1716 elle a 55 ans et apparemment toujours bon pied bon oeil. Elle est née en1662 et est la fille de Thomas SOUCHET et de Marie GOURNEAU, lesquels ont été justement fermiers de la ferme de Pacy jusqu’en 1696, au décès de Thomas SOUCHET.
Geneviève s’est mariée trois fois. Ses deux premiers maris sont morts très rapidement. Son troisième mari est Emery LEMAIRE qui prendra la succession de Thomas SOUCHET, son beau père comme fermier de la ferme de Pacy
Le seul homme de la bande, Pierre ne s’appelle pas LEMAIRE, il est bien le fils de Geneviève mais porte le nom du second mari de celle-ci, Pierre CUVILLIER. En 1716 il a trente ans et se mariera l’année suivante.
Voilà donc une affaire sortant de l’ordinaire car si ce genre de raclée collective devait arriver de temps à autre, il est plutôt rare que le « chef de la bande » soit une femme.
Tout ce que l’on sait de plus, c’est que le couple LEMAIRE SOUCHET a fini ses jours comme fermiers à Charentonneau.
Recherches d’Henri Boulet
Bilan de notre exposition…
Les 23 panneaux de l’exposition ont présenté la situation géographique et la structure géologique de la ville, avant de montrer le caractère rural de notre commune au cours des siècles passés: les grandes fermes seigneuriales, les fermes privées, leur production et les rendements, les eaux courantes (Marne, Morbras, rû de la Fontaine de Villiers), les lacs et les étangs. On s’est ensuite attaché à montrer comment les grands domaines des châteaux ont été progressivement démembrés pour faire place à des lotissements, comment Sucy conserve des sentiers rappelant le caractère viticole de ses versants, ainsi que des chemins, aujourd’hui souvent transformés en rues desservant de nouveaux quartiers, comment enfin la ville a su conserver d’importants espaces verts de nos jours. L’exposition permettait de comprendre comment le village du Moyen Age s’est transformé en une ville de 27.000 habitants aujourd’hui. La SHAS se propose de publier dans les prochains mois un fascicule reprenant l’ensemble de la documentation que présentait l’exposition.
Clap de fin, pour “du foin sur les planches”.
Des saynètes théâtralisées sur le thème “Du foin sur les planches” mobilisant six acteurs, sous la direction scénique de Charles Gaillard, ont retracé une part de l’histoire rurale de la Ville. Chaque représentation (deux les samedis, deux les dimanches) a attiré une quarantaine de spectateurs, un peu plus les dimanches.
L’exposition a accueilli cinq classes primaires, dont trois lors de la journée “Enfants du Patrimoine”, y compris une classe venue de Maisons-Alfort.
Le vernissage le 11 septembre a rassemblé 70 personnes; nous avons reçu 868 visiteurs pendant la durée de l’exposition et, en outre nous avons accueilli deux groupes de seniors le mercredi 15 septembre, soit environ une cinquantaine de personnes.
Au total, ce fut peut-être la plus riche de nos expositions annuelles.