Lettre n°23 – Avril 2021

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Sucy, points d’histoire

Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (shas.fr)

Processions à Sucy

Les rues de nos villes et de nos villages conservent dans leur dénomination des souvenirs d’un passé religieux souvent lointain. A Sucy, chacun connaît la Rue de la Procession qui relie l’Avenue Georges Pompidou à la Rue du Moulin à Vent, en  longeant le cimetière et en coupant l’Avenue Charles de Gaulle. D’où vient donc ce nom ?

La procession religieuse se dirige vers les champs pour prier afin d’obtenir la protection divine

On appelle procession un cortège religieux, marche solennelle accompagnée de chants et de prières. En principe tous les paroissiens valides devaient suivre les processions quand on restait dans la paroisse. Pour des expéditions lointaines, seuls les plus valides, capables de suivre le curé participaient.
Nos ancêtres étaient, plus que nous, habitués à marcher en toutes saisons.

L’Ancien Régime a multiplié les processions, en particulier pour les Rogations. Elles avaient lieu chaque année pendant trois journées entre la fin avril et le début mai au cours d’une période d’une douzaine de jours correspondant aux « saints de glace » ou « saints vendangeurs », époque où les vignes sont en danger d ‘être brûlées par le gel.

A Sucy comme ailleurs la population rurale très concernée par les phénomènes météorologiques suivait en foule le prêtre car il s’agissait d’obtenir la protection divine sur les cultures de la terre et les travaux des hommes.
Le premier jour on priait pour obtenir « la sérénité de l’air et la fécondité de la terre ».

Le deuxième jour, la procession faisait le tour de la paroisse avec des arrêts pour prier et se restaurer. Aux arrêts croix, bornes…, des reposoirs fleuris étaient installés et le prêtre bénissait les terres, les chevaux et les bêtes à cornes. Le troisième jour on bénissait les vignes.

Les chants et les prières accompagnaient les processions

Peu à peu les collations se sont transformées en arrêts-buvette et en arrêts-papotage et le clergé dut intervenir.

Sucy possède une rue de la Procession qui suit assez fidèlement le chemin qu’empruntaient les paroissiens et leurs curés pour se rendre du village vers les jardins, les vergers et les champs.

Les calamités, le plus souvent dues à de mauvaises conditions météorologiques pouvaient conduire le curé à emmener ses ouailles sur des lieux consacrés. En marchant et en chantant elles s’éloignaient des lieux de leurs soucis. Si le but de la procession était atteint le curé était conforté dans son enseignement du châtiment divin ; dans le cas contraire il pouvait suggérer à ses paroissiens que leurs repentirs  n’étaient pas assez convaincants.
La période 1738-1742 a été qualifiée par Emmanuel Le Roy Ladurie  dans son ouvrage :    Histoire humaine et comparée du climat, de : petit âge glaciaire », avec  des hivers longs et rigoureux succédaient des périodes de sécheresse.

Le 30 mai 1740 la paroisse de Sucy conduite par Messire Jacques Lesage curé se rend en procession à Notre Dame de Paris et à Sainte Geneviève pour obtenir de Dieu du beau temps. Le 27 mai 1741, la même paroisse conduite par le même curé retourne sur mêmes lieux pour obtenir de la pluie.

Les supplications ont-elles été entendues ? On ne sait pas, mais la foi de ces braves paroissiens et de leur vicaire était admirable et nous pouvons espérer pour eux que leurs prières ont été exaucées.

L’abbaye Ste Geneviève, but des processions des Sucyciens
de 1740 (pour du beau temps) et de 1741 (pour de la pluie)

La prochaine exposition de septembre 2021 : “Dame Nature et Sucy”

Malgré le confinement, la SHAS prépare sa prochaine exposition. Le thème choisi est le suivant : “Dame nature et Sucy“. Ce thème tiendra compte aussi bien du passé que du présent.
Pour l’instant uniquement des réunions virtuelles Zoom pour certains membres de la Shas, mais le travail avance.

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