L’église Saint-Martin de Sucy-en-Brie

Histoire et description

Document préparé, rédigé et présenté par 

VALÉRIE NOËL, responsable de la Mission Patrimoine, et  GEORGES CARROT 

Mis à la disposition des visiteurs (0,50 €) à l’intérieur de l’Église

Vers l’an 1000, l’église de Sucy participait de ce « blanc manteau d’églises » dont la France était recouverte. De temps immémorial, elle avait été placée sous le patronage de saint Martin. Ce très vénéré évêque qui avait évangélisé la région de Tours à la fin du IVe siècle.

C’est en l’an 811, Charlemagne régnant, que le comte de Paris, Etienne, avait fait don à la mense capitulaire de l’église de Paris d’un important domaine « in loco qui vocatur Sulciacus ». Cela concernait notamment « l’église qui y est construite en l’honneur de saint Martin, avec ses appartenances et dépendances ».

L’église primitive

A quelle époque, avec quels matériaux et dans quel style avait été construite cette église primitive dont le comte Etienne venait de disposer, au début du IXe siècle, en faveur de l’église de Paris dédiée à Notre-Dame ? Aucun autre écrit connu, que celui de ce transfert de propriété, ne s’y réfère.

Mais on a mis au jour quelques vestiges en 1902. Plus certainement encore en 1982 au cours de travaux engagés sur la façade occidentale. Il s’agit d’éléments d’architecture antérieurs à la construction du clocher. L’importante restauration intervenue à cette époque en a pérennisé le souvenir par les deux fausses portes encadrant le portail, et la niche centrale abritant une statue moderne de saint Martin.

L’édification du clocher à la fin du XIIe siècle

Haut de 28 mètres, le clocher représente à la fois la partie la plus visible et la plus ancienne dans ce qui nous apparaît encore de l’église actuelle. A-t-il remplacé une construction antérieure ou s’inscrivait-il dans une perspective de transformation de l’église primitive? Il semble que les travaux en aient commencé à la fin du XIIe siècle, vers 1180, à un moment où l’art roman commençait à céder la place à une architecture plus légère, relevant de cet art français qu’on appellera plus tard gothique.

Par sa base massive, ses lourds contreforts, ses arcades dont le cintre n’est qu’à peine brisé à la clef, ce clocher appartient encore au roman. Mais sa forme élancée, ses harmonieuses proportions, son élévation annoncent déjà le gothique naissant. Le toit, dit en bâtière (par référence aux bâts placés sur les bêtes de somme), accentue ses origines typiquement briardes. On le considère généralement et à juste titre comme l’un des plus beaux de l’Île-de-France.

Les construction du XIIIe siècle

Le clocher se trouve totalement intégré dans le corps de l’église. Il est probable que les chantiers se soient enchaînés au début du XIIIe siècle. Mais la conception était nouvelle. Dans la construction du chœur et du transept vont apparaître les premières voûtes d’ogives.

Le clocher intérieur

Ce nouveau procédé se trouve déjà utilisé dans la partie basse du clocher, pour  le faire entrer dans la composition du croisillon sud de la nouvelle église (actuelle chapelle Saint-Joseph). Les nervures y sont encore très simples. Elles s’appuient sur des chapiteaux aux tailloirs carrés, ornés de motifs végétaux en crosse ou en crochet, imitant des feuilles aux bases développées et aux extrémités bourgeonnantes.

Sculptée près de la clef de voûte, on discerne la tête couronnée d’un homme regardant vers l’Occident. A la retombée des ogives, on peut apercevoir six mascarons (masques grotesques figurant des hommes).

Le chœur et la croisée du transept

Prenant appui au sud sur les solides contreforts du clocher, les constructeurs ont ensuite entrepris l’édification du chœur et de la croisée du transept.

Cette partie centrale est parfaitement représentative du nouvel art de construire. Les ogives notamment y sont d’une rare pureté. Le fond est largement éclairé par une verrière qui occupe la totalité du chevet plat. Ce qui est aussi l’une des caractéristiques de nombreuses églises briardes.

Même si les vitraux d’époque ont hélas disparu, le chœur se présente à peu près tel qu’on pouvait l’admirer au milieu du XIIIe siècle, avant qu’on y disposât le maître-autel. La cuve baptismale en pierre, installée jadis à l’entrée de l’église y a pris sa place en 1998.

Sur le côté nord (gauche) du chœur, une arcade du XVIIe siècle et une grande niche marquent l’emplacement correspondant à l’oratoire construit en 1685 aux frais du président Nicolas Lambert, seigneur du château de Sucy. (Elle ouvre actuellement sur une issue de secours). En contrepartie de cette occupation de l’endroit où l’on coupait le pain bénit, ce haut magistrat du parlement de Paris voulut bien financer un nouveau dallage en carreaux blancs et noirs (encore en place, mais seulement dans le chœur et les deux croisillons du transept). Par contre, les balustrades en fer forgé, dont il avait fait clore le chœur ainsi que son oratoire, ont été démontées pendant la Révolution. Il en sera de même pour les nouvelles grilles placées en 1864 et supprimées en 1965.

  En face, sur le mur sud, il y a une autre grande niche. C’est par là que passaient les desservants. Une porte donnait accès à la sacristie qui occupait l’angle formé entre le mur du chœur et celui du clocher. (Ce bâtiment sera démoli en 1807 alors que la nouvelle et actuelle sacristie avait déjà été édifiée vers 1776).

Le croisillon nord et la première travée d’un collatéral

  Leur construction sous voûtes ogivales est la suite logique des travaux entrepris depuis le début du XIIIe siècle.

  Le croisillon, formant bras nord du transept (actuelle chapelle de la Vierge), se place parfaitement en continuité de la croisée centrale . Des têtes ont été sculptées sur deux culs-de-lampe à hauteur de ses chapiteaux. L’une est couronnée. Il pourrait s’agir du roi en place, Louis IX, le futur saint Louis (1226/1270). L’autre visage, les yeux levés au ciel, représente peut-être le maître d’œuvre, en l’occurrence le doyen du chapitre de N.D. de Paris.

  Quant à la première travée qui se situe dans le prolongement immédiat de cette chapelle, sa seule existence paraît aller dans le sens d’un projet de construction d’une église totalement gothique sur le site de l’ancien édifice roman.

La nef romane abandonnée en l’état

Le visiteur ne peut que s’étonner du contraste existant entre cette première moitié d’église au gothique très pur, mais à laquelle fait suite un vaisseau sans style bien précis et bâti sur des piliers nettement dissymétriques. D’un côté, des voûtes aériennes sur croisées d’ogives. De l’autre, une voûte en berceau supportée par des poutres maîtresses.

Pourquoi s’en est-on tenu là ? Manque d’argent pour achever la cathédrale de Paris, terminée seulement au XIVe siècle ? Forte pression fiscale exercée sur le clergé par le roi Philippe le Bel ? Ce qui se révèle en tout cas avec évidence, c’est que la nef et ses deux bas côtés sont demeurés dans l’état où ils étaient au XIIIe siècle et qu’ils ont été abandonnés aux bons soins de la communauté paroissiale.

Peu argentée, celle-ci s’est efforcée d’y faire face tant bien que mal au cours des trois siècles difficiles qui suivirent.

Le bâtiment a dû souffrir  durant la guerre de Cent Ans. A la fin du règne de Charles VII, en 1454, il fallut refaire prématurément la charpente, sans doute à la suite d’un incendie. Les Guerres de religion ne l’épargnèrent certainement pas. Durant la Fronde, – si l’on en croit Mme de la Guette –  la sacristie a été pillée et du mobilier brisé.

Le sauvetage de la nef au XVIIe siècle

Quatre cents ans plus tard, les solides constructions du XIIe / XIIIe siècle avaient assez bien résistéà tous ces malheurs, il n’en était pas de même des bâtiments édifiés antérieurement. La nef  se trouvait partiellement délabrée. La partie nord et notamment son bas-côté présentaient des signes d’effondrement prochain. Il fallait absolument y remédier. On se trouvait au milieu du XVIIe siècle. Le jeune roi Louis XIV avait mis fin aux désordres de la Fronde. Il devenait possible d’envisager une restauration en profondeur de l’église de Sucy.

On aurait pu décider de rebâtir toute la nef ! Cela ne semble même pas avoir été envisagé. Sollicité en 1665, le chapitre de Notre Dame de Paris n’avait accordé que de trop maigres subsides. On ne pouvait que réparer, et encore à l’économie, sans respect de l’architecture primitive et même au mépris des règles de la symétrie.

Si la partie sud n’a pas été modifiée et se présente encore à peu près selon le plan d’origine, il n’en est plus de même de la partie nord. Pour éviter que la voûte ne s’écroulât durant les travaux, il était apparu indispensable d’assurer la continuité du soutènement. Avant de démolir les piliers anciens qui étaient fissurés, il a donc fallu en construire de nouveaux dans les intervalles. On a dû aussi renforcer la portée du mur en supprimant une partie des fenêtres hautes.

Au final, les piliers ne se font pas face, non plus d’ailleurs que les fenêtres des bas-côtés . On observe aussi que  le bas-côté nord a été réduit de 75 cm en largeur par rapport à celui du sud. Pour assurer la continuité du soutènement et maintenir le vieux mur pendant les travaux, on en a vraisemblablement reconstruit un nouveau. Mais à l’intérieur et parallèlement à l’ancien. (C’est peut-être le mur actuel.)

L’église au XVIIIe siècle

Ainsi « rénovée », l’église de Sucy a repris le cours de son histoire millénaire. Il semble même que les paroissiens aient eu à cœur de compenser la médiocrité des réparations effectuées en contribuant par des dons à l’embellissement intérieur. Un plan conservé aux Archives nationales, daté de 1725, permet d’imaginer l’aménagement à cette époque.

L’office se célébrait depuis le fond du chœur, dos au public et face à l’Orient. Le mur plat du chevet était recouvert, à partir du sol et jusqu’aux vitraux par un imposant retable. Toute la partie orientale se trouvait séparée de la nef par une clôture en fer forgé (Cancel).

En dehors de ce sanctuaire réservé aux cérémonies religieuses, il n’y avait pas moins de cinq autels : celui de la Vierge Marie, à son emplacement actuel dans le croisillon nord ; celui de saint Joseph en parallèle dans le croisillon sud, mais adossée lui aussi à un mur plat. (L’abside semi-circulaire actuelle ne peut avoir été construite qu’au XIXe siècle.) Les trois autres autels se situaient, l’un au nord dans le bas-côté gothique, deux au centre dans la nef à hauteur des deux piliers de la croisée du transept. La chaire à prêcher prenait appui sur le pilier central du mur nord de la nef. Elle sera remplacée en 1858, puis supprimée en 1965.

A l’extérieur, le cimetière continuait à encercler l’église, sauf sur le court espace séparant la sacristie du portail principal. Les chanoines de Paris, conscients de cet inconvénient, auraient eu des projets pour le déplacer. Mais la Révolution y mit un terme définitif, en même temps qu’à leur pouvoir temporel et religieux sur ces lieux.

L’église devient propriété de la Nation en 1790

Les nouveaux édiles élus, pas plus que les fonctionnaires de Napoléon un peu plus tard, ne réussirent à imposer un lieu de sépulture extérieur. Le problème ne sera définitivement réglé que par une ordonnance royale en 1818.

Par contre, la Révolution ne pouvait avoir déferlé sur Sucy sans y laisser des traces profondes. La Nation s’est approprié l’église. En 1793, elle y prélève trois cloches (les plus petites) sur les quatre installées dans le clocher, pour en faire des canons. En 1794, ce sont toutes les grilles du sanctuaire qui sont remises à l’administration républicaine de Corbeil en vue d’une semblable transformation guerrière. Le culte n’est plus que toléré à Sucy et son église est devenue un lieu municipal de réunion : «La Salle décadaire».

L’évolution au XIXe siècle

En 1801, le Concordat rend l’église de Sucy au clergé. Trois ans plus tard, un Te Deum d’actions de grâces y est chanté solennellement à l’occasion de l’avènement de l’empereur Napoléon.

En tant que bâtiment mis à la disposition du curé desservant, l’entretien en incombe à la commune. Mais celle-ci est loin d’être riche. Aussi les réparations sont-elles réduites au strict minimum. En 1811 néanmoins, il faut se résoudre à refaire la couverture (une inscription peinte sur le mur de la tribune rappelle ce fait).

Hors les grands travaux, ce sont généralement les curés successifs qui s’emploient à tirer de leurs plus riches paroissiens les moyens financiers nécessaires pour améliorer l’aspect intérieur et rehausser l’éclat des cérémonies. C’est le cas du curé Jean-Baptiste-Le Déchaux (1840/1847) auquel on doit le beau retable en bois de la chapelle de la Vierge. Il en est de même pour Léonard-Roche (1847/1880) qui refait le grand portail et lui adjoint un tambour en 1849 ; acquiert un harmonium et un petit orgue en 1854 ; fait daller la nef centrale et achète deux grands lustres de 12 lumières en 1857 ; installe une nouvelle chaire en 1858 et fait placer en 1864 une grille isolant le chœur (toutes deux disparaîtront en 1965) ; fait construire le confessionnal actuel en 1866 ; etc. C’est lui surtout qui sauve son église du pillage par les troupes assiégeant Paris en 1871. Peu avant sa mort survenue à Sucy, il fait installer en 1876 un chemin de la Croix.

Son successeur le curé Louis-André Morand (1880/1903), archéologue et historien, tient lui aussi une place notable parmi ceux qui se sont dévoués à l’embellissement de cette église . On lui doit l’essentiel des verrières actuelles, dont celle du chœur financée par Lady Meux, châtelaine de Sucy. C’est encore sous son ministère que l’église se trouva soumise à un nouveau toilettage. Après avoir, en 1894, remis en état le hourdis de plâtre couvrant la grande voûte – tout en sacrifiant les lambris de chêne qui l’ornaient peut-être encore -puis entrepris en 1901 de réparer la charpente, la municipalité dirigée par Gabriel Meyer s’attaque à la façade.

Quel était son état ? Datant sans doute du haut Moyen Age, elle avait dû être solidement construite car jamais son existence ni même son entretien n’ont défrayé la chronique. C’est pourquoi il ne s’agissait en 1902 que d’un simple ravalement. Le résultat obtenu était assez discutable : un placage de style néo roman avec un portail, le tout inspiré du romantisme gothique en vogue au milieu du XIXe siècle. Les premières cartes postales vendues à Sucy en témoignent encore. La discordance était flagrante entre ce porche composite et un clocher aux lignes d’une pureté immuable. (Les travaux effectués en 1981/1982 ont nettement atténué cette fâcheuse impression en restituant à la façade – autant qu’il était possible – l’aspect de ses origines : simplicité et robustesse romanes, formes équilibrées, économie de moyens.).

Par contre, la démolition de divers bâtiments adventices, surtout celui de la petite école, a heureusement dégagé le monument et ouvert une véritable « Place de l’Église ».

Les changements du XXe siècle contemporain

Lorsque le curé Édouard Weiss arrive à Sucy en 1922 pour y exercer un ministère qui va s’étaler sur 32 années bien remplies, l’église dans son intérieur est à peu près celle qu’ont connue ses prédécesseurs. Les cartes postales nous restituent fidèlement l’aménagement des lieux :  au fond du chœur, le majestueux maître autel dont le marbre blanc tranche sur le panneau décoratif en bois foncé qui l’encadre ; au milieu, une grille en fonte qui isole le sanctuaire ; à gauche, la chaire et son massif abat-voix dominant l’assistance ; à droite un banc d’œuvre, réservé aux marguilliers (c’est à dire aux membres du conseil de fabrique) ; entre la voûte et le sol, de nombreux lustres éclatant de mille feux ; sur presque tous les murs, des tableaux anciens à sujets religieux ; des deux côtés de la nef, les quatorze stations du chemin de la Croix. Et, couvrant tout l’espace au sol, des chaises paillées et des prie-Dieu.

Ancien combattant de 14-18, le curé Weiss a fait graver en lettres d’or, dans la chapelle Saint Joseph, les 57 noms des  paroissiens qu’il ne pouvait pas avoir connus, car tombés « au champ d’Honneur » pendant la Grande Guerre. Prêtre de conviction et plein d’allant, le fameux chanoine Weiss  était aussi musicien et même compositeur. On lui doit les grandes orgues de la célèbre maison Cavaillé-Coll,installées en 1927 dans la tribune.

L’application des décisions prises entre 1962 et 1965 pour adapter le culte catholique (aggiornamento), a transformé spectaculairement l’aspect de l’église Saint Martin. Le Maître-autel a disparu. Le vide ainsi laissé au milieu du chœur a été comblé en 1998 par les fonts baptismaux. Au centre de la croisée du transept, un nouvel autel, plus simple et conforme à la nouvelle liturgie, a trouvé sa place . La chaire a été démontée et transformée en un pupitre bas, à usage de lecture, d’annonce ou d’homélie. Le banc d’œuvre et les prie-Dieu ont été remplacés par des bancs tout simples.

Car la simplicité est bien le maître mot de ce bouleversement religieux. Si l’on peut au moins s’en féliciter, c’est notamment à l’égard de la mise en valeur du bâtiment. Débarrassé de son fouillis hiératique, allégé d’un trop plein mobilier, l’église dans son ensemble a gagné en élégance et en lisibilité.


POINTS REMARQUABLES



LES VITRAUX


Il est certain que les fenêtres d’une église de cette qualité avaient été garnies de vitraux entre le XIIIe et le XIVe siècle. Avec le temps, beaucoup ont dû être remplacés. Mais aucune pièce antérieure au XIXe siècle ne nous est parvenue. On ne peut tristement que le regretter . D’autant plus que l’existence de panneaux d’origine paraît avérée, au milieu du XVIIIe siècle, sur des fenêtres du bas-côté nord.

Mais comment ne pas admettre l’intérêt présenté par les belles images lumineuses actuelles. On y reconnaît la façon un peu naïve, ainsi que le dessin des verriers du Moyen Age. Ceux qui ont réalisés ces oeuvres à la fin du XIXe siècle ne sont pas pour autant de simples imitateurs. Ils n’hésitent pas à mélanger les styles et les époques. Leur technique serait même supérieure, notamment par l’emploi de produits colorants inconnus au temps de l’art gothique. Certaines scènes sont aussi charmantes que surprenantes. C’est le cas du vitrail de l’enfance du Christ qui montre la Vierge occupée à tricoter (bas-côté sud, près de la chaufferie). Mais la composition la plus réussie est incontestablement celle formée par la verrière tripartite du chœur. On y relate, à la manière d’une bande dessinée, la vie élogieuse de saint Martin. Cette œuvre a été réalisée en 1895 par le maître verrier Haussaire,

Les descriptions de tous ces vitraux figurent sur des plaquettes fixées à proximité de chacun d’eux


LES PEINTURES


Le nombre de peintures exposées est assez inhabituel. On remarque notamment sur le mur du bas-côté nord, une Sainte famille, traitée selon le mode conventionnel d’un retour d’Égypte. Ce tableau, attribué au Dominiquin (1581/1641), fut offert à l’église par Charles Ginoux, propriétaire du château et maire de Sucy au XIXe siècle. Dans la nef et en hauteur, face au grand Christ du XVIIe siècle, se trouve accrochée la copie inversée d’une oeuvre peinte par Rubens vers 1618 et conservée au musée de Marseille. Représentant l‘Adoration des bergers, elle a été donnée en 1753 à l’église de Sucy par Mgr de Beaumont, archevêque de Paris. Sur le bas-côté droit, il y a une très belle Annonciation, copie d’époque d’une œuvre de Véronèse exposée à laGalerie dell’ Accademia de Venise.

La majorité des tableaux accrochés sont l’objet d’une plaquette descriptive fixée à proximité


LES ŒUVRES D’ART


Outre les vitraux, l’église de Sucy détient un certain nombre de pièces remarquables qui lui ont été données ou qu’elle a acquises au cours des siècles.

Dans la chapelle de la Vierge se trouve un bel Autel retable réalisé en 1840. Il est surmonté d’une Vierge à l’enfant du XVIIe siècle, à l’origine en bois polychrome. La commune de Sucy l’a fait restaurer en 1998.

A côté de la porte de la sacristie, une pierre est scellée qui évoque une importante donation de terres, enregistrée en 1559, par Marguerite Délivré, bourgeoise de Paris, en faveur de l’église de Sucy, moyennant des obligations, très précises et « pour toujours » de dire, chanter et célébrer des messes basses et grandes… Elle est décédée en 1564 à Paris.

Sous le clocher, on peut encore voir, à la voûte, l’orifice par lequel passait la corde des cloches. Il fallait trois hommes pour ébranler Martine.

Au centre du chœur, a été réinstallée en 1997 la cuve baptismale (en pierre du XIIe ou du XVIIe ?) provenant de l’église Saint Martin.


        Mais aussi :


Les Cloches

On sait qu’en1454, « le beffroy de la tour du clocher abrite quatre cloches ». Il y en avait encore quatre au XVIIIe siècle. Les révolutionnaires de 1793 en prirent trois. La plus grosse qu’ils laissèrent s’appelait Martine. Elle avait été bénie en 1658. Elle pèse 1700 kg et sonne toujours le do #.

En 1997, une seconde cloche, dénommée Marie (450 kg, sol #), puis deux autres en décembre 2002, Cécile (270 Kg, si) et Jeanneton (85 Kg, mi) ont rejoint Martine au sommet du clocher.

La Nécropole

Comme dans bon nombre de villages, le cimetière de Sucy entourait l’église. Mais, jusqu’à l’ordonnance royale l’interdisant en 1776, il était d’usage que les notables se fissent inhumer à l’intérieur. Si les dalles funéraires ont disparu, il est vraisemblable que de nombreuses sépultures demeurent intactes en sous-sol. On a perdu toute trace d’un ou de deux caveaux qui seraient situés sous l’édifice.

 Rien ne signale donc plus les 156 tombes connues qui y furent creusées un peu partout : sous le porche, sous la chapelle de la Vierge, sous le chœur. Là reposent, entre autres, plusieurs curés de la paroisse et nombre de personnalités parisiennes. C’est notamment le cas, en 1755, de Messire Michel d’Aine, financier, mais aussi conseiller secrétaire du roi, Seigneur du Grand Val, et surtout beau-père du baron d’Holbach . Lequel baron est célèbre pour ses liaisons avec les philosophes , particulièrement Diderot, qu’il faisait recevoir à Sucy par sa belle-mère.

VALERIE NOËL, responsable de la Mission Patrimoine, et GEORGES CARROT

Saint-Martin au début du XXe siècle
avec sa façade « ravalée », façon néogothique en 1902
Huit siècles durant, le clocher de l’église Saint-Martin a dominé cet espace imprécis où la Marne avait jadis rejoint la Seine.

Au loin, on aperçoit la capitale, et sa sœur aînée, la cathédrale Notre-Dame de Paris.

L’agriculture en a été peu à peu chassée par son irrésistible banlieue bétonnière.

Sentinelle majestueuse, cette tour paraît en avoir bloqué à ses pieds la progression.

Pendant combien de temps encore ?

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