Lettre n°56 – Septembre 2024

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Sucy, points d’histoire

Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (shas.fr)

Exposition annuelle : 80 ans de la Libération

            Comme de coutume, notre Lettre mensuelle de la rentrée est consacrée à la présentation de notre exposition annuelle qui se tient à l’Orangerie du Château de Sucy, du samedi 7 septembre au dimanche 29 septembre inclus.

            Le thème retenu cette année est bien sûr le 80ème anniversaire de la Libération de Sucy. Il s’agit là d’une exposition exceptionnelle, car nous avons obtenu le soutien efficace de la Ville et le concours d’un collectionneur de matériel militaire qui a mis en place une jeep américaine avec sa remorque, une chenillette tractant un canon anti-aérien de deux tonnes, deux motos de l’armée d’outre-Atlantique et surtout 31 personnages portant uniformes et armes de la Seconde Guerre mondiale. Au mur, de grandes photos des principaux épisodes du conflit et la quinzaine de panneaux réalisés par les membres de la Société Historique et Archéologique de Sucy (SHAS).

            Sur ces panneaux nous avons voulu illustrer d’abord les conditions difficiles de la vie dans notre village sous l’Occupation : une municipalité aux ordres de l’Occupant, des jeunes exposés au STO en Allemagne et aux besoins de l’organisation TODT ou choisissant la clandestinité de la Résistance, tous les habitants contraints à des restrictions épouvantables, dont ils ne sortent qu’en transformant les jardins des maisons particulières en vergers ou en potagers, des tickets de ravitaillement ne permettant qu’une médiocre survie, des réquisitions portant sur les voitures, les chevaux, les armes, les métaux non-ferreux, bref une vie soumise aux desiderata de l’Occupant ou du gouvernement de Vichy. Troc et marché noir deviennent des pratiques courantes.  Plus de trois cents prisonniers en Allemagne et presque autant de « requis » au service de l’Occupant, ainsi que quelques dizaines de déportés, dont la famille Bouchard, créent un vide dans les familles sucyciennes, pauvrement secourues par des œuvres de bienfaisance et des aides de l’État ou de la mairie.

            Dans ce chaos politique et militaire, la résistance s’organise. On écoute secrètement Radio-Londres, qui diffuse des nouvelles des forces alliées et des mots d’ordre pour ceux qui sont entrés dans la Résistance, telle Angèle Girardin qui accueille à son domicile, rue de Sévigné, des opérateurs-radio qui envoient à Londres des informations secrètes. Des journaux clandestins apparaissent – Combat, Libération, le Franc-Tireur, Témoignage chrétien, Le Populaire, l’Humanité – que diffusent de courageux résistants, tels Marius Aubertin, Georgette Mas, Marcel Lavaux ou Fernand Barbier. Ceux-ci fabriquent aussi de faux papiers pour aider les évadés, les maquisards ou les aviateurs alliés parachutés sur notre pays.

Marius Aubertin

            La Résistance à l’Occupant fit un certain nombre de victimes, antérieurement à la Libération, tel Roland Cauchy, fusillé au Mont Valérien en avril 1944, aussi bien que dans les derniers jours de l’Occupation : Antoine Baron, Pierre Raunet, Aimé Gaïda, Louis Boon, Henri Clauteaux, ces deux derniers victimes avec l’héroïque Fernande Doudot des tirs allemands dans le « petit chemin » menant de Sucy à Boissy, au long de la voie ferrée. Leur sacrifice est commémoré chaque année par la population sucycienne et la Société Historique s’honore d’avoir participé avec le « Souvenir Français » à préparer des panneaux d’exposition présentés dans les écoles et les collèges, pour faire connaître aux plus jeunes le sacrifice de ces hommes et femme, héros de la Résistance.

Louis Boon

            La Libération de Sucy intervient le 25 août 1944. Alors que des soldats allemands traversent encore la ville, des représentants des mouvements de résistance prennent possession de la Mairie, que quitte pacifiquement l’ancienne municipalité. Le Comité local de Libération désigne dès le lendemain un comité, qui constituera la base de la nouvelle municipalité. Des soldats américains venus de Bonneuil passent par le pont du chemin de fer, sont acclamés au bas de la rue de Paris, distribuent des chewing gums à une foule en liesse, avant de gagner la Nationale 4, par la côte d’Ormesson. Quatre femmes sont arrêtées pour avoir collaboré avec les Allemands et sont tondues place de la Gare, au milieu de clameurs hostiles. Sucy pavoise, mais les difficultés demeurent. Il faut tout rétablir, les institutions municipales, les sources d’énergie, les transports, la vie économique locale. Les tickets de ravitaillement ne disparaissent qu’en 1949. Les Sucyciens libérés dans l’allégresse générale s’attendaient sans doute à des miracles qui mirent quelque temps à se manifester.

            Venez  tous revivre le temps de la Libération. L’exposition à l’Orangerie du Château est ouverte tous les après-midi de 14h à 17h30, ainsi que les mercredis, samedis et dimanches matins de 10h à midi.

Lettre rédigée par Michel Balard

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