Sucy, points d’histoire
Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (shas.fr)
Du 15 septembre au 1er octobre, la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (SHAS) présente son exposition annuelle à l’Orangerie du Château de Sucy. Le thème choisi cette année porte sur l’histoire du château Montaleau, des origines à nos jours. ( >Voir les horaires )
Le château de Montaleau
Le nom du site vient de sa position à mi-hauteur entre le plateau briard et la plaine du Marais, à l’endroit où les marnes argileuses affleurent sous la roche calcaire, donnant naissance à de nombreuses sources, dont certaines subsistent aujourd’hui.
A l’origine du château se trouve un grand domaine, mentionné dès le XIIIe siècle, le « franc-alleu de la Tour », c’est-à-dire une terre exempte des devoirs et des droits féodaux. Il s’étendait du bas de Sucy jusqu’à l’actuelle route de La Queue-en-Brie. A la fin du XVIe siècle Pierre de Bèze, beau-père de Philippe 1er de Coulanges, acquiert une parcelle du franc-alleu sur laquelle il fait construire « un grand logis ». En 1621 son gendre obtient pour la propriété la création d’un fief noble qui prend le nom de fief de Montaleau et fait construire l’actuel château avant 1631.
Trois ans plus tard, il en fait donation à son fils Philippe II de Coulanges qui prend sous sa tutelle sa nièce, orpheline à dix ans, Marie de Rabutin Chantal, la future Mme de Sévigné. Dans ses lettres, chef d’œuvre littéraire du XVIIe siècle, celle-ci évoque « sa belle jeunesse » passée à Sucy, où plus tard elle recrute pour sa fille une bonne nourrice qu’elle cite dans une vingtaine de ses lettres.
En 1655, le château est vendu à Marie de Grieu, épouse de Jacques de Lyonne, dont la fille, Marie de Lyonne, est connue dans l’histoire sous le nom de « présidente Amelot ». De nombreux propriétaires se succèdent jusqu’à la Révolution de 1789. On retiendra les noms de Jacques III Roettiers (1756), Pierre Nicolas Mel de Saint-Céran (1782) et Barthélémy Caillat (1799-1815).
Quelques personnages hauts en couleur deviennent propriétaires du château au XIXe siècle : Lazare Boudin de Vesvres auquel l’on doit l’ouverture en 1825 d’une nouvelle rue qui porte encore son nom, le marquis Ducroc de Chabannes et surtout Jonas Halstead Coe, commodore américain qui s’est illustré dans les combats navals en Amérique du Sud, au service de l’Uruguay. Un négociant, Jean-Baptiste Bouillet possède le château de 1860 à 1884, date à laquelle la propriété est cédée à Léon Alfassa, un banquier turc, époux de Clarisse de Camondo, issue d’une riche famille parisienne, dont l’héritage a permis de créer à Paris le Musée de Camondo.
En 1937, le maire de Sucy, Édouard Garciot, acquiert le château au nom de la Ville. Il ouvre le parc au public, crée trois classes dans le château pour compenser l’exiguïté de l’école du Centre, mais ordonne la destruction des communs qui occupaient l’espace angulaire entre la rue Maurice Berteaux et l’actuelle rue Pierre Sémard.
En 1950, disparaît également l’aile du château. Celui-ci est réaménagé pour permettre l’installation de la mairie en 1962 et d’une première petite bibliothèque municipale, puis du Conservatoire de Musique et d’Art dramatique en 2000, avant d’être vendu en 2004 au Ministère de la Justice qui, au bout de onze ans de travaux, installe en 2015 le Tribunal d’Instance qui occupe encore les lieux aujourd’hui.
Le parc, surtout, a subi de profondes transformations avec la construction d’un certain nombre de bâtiments publics à partir de 1958. Ont d’abord été édifiés un groupe scolaire, affecté à l’école maternelle, la cuisine centrale de la Ville où sont préparés les repas des cantines scolaires et des vieillards et malades inscrits à ce service, puis un collège d’enseignement général transformé en 1983 en Lycée hôtelier.
La poste a été construite en 1958 en bordure de la rue Maurice Berteaux ; transférée en 1983, face à la Cité verte, elle cède la place à la Médiathèque inaugurée en 1991. Dans les années 1965-1967, apparaissent de nouveaux bâtiments publics en bordure du parc : un centre de PMI, un foyer des Anciens transformé et agrandi plus tard pour devenir la Maison des Seniors, le gymnase Montaleau en contre-bas de la pièce d’eau.
On ne saurait oublier la première Salle des Fêtes, inaugurée en 1966, à laquelle a succédé en 2008 une nouvelle Salle des Fêtes, portant le nom d’Espace Jean-Marie Poirier, en mémoire du maire disparu l’année précédente.
Les enfants n’ont pas été oubliés ; à leur disposition a été réalisée une aire de jeux en 2013, au long de la belle allée reliant le centre ancien au quartier de la Gare. Sport, culture, enseignement, santé et politique sociale ont trouvé leur place sans dénaturer le cadre verdoyant du parc.
Du XVIIe siècle à nos jours, Montaleau et son parc ont participé au développement de notre ville, tout en restant un havre naturel au cœur de Sucy.