Lettre n°36 – Septembre 2022

Présentation de l’exposition

Du 17 septembre au 2 octobre, la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie va présenter à l’Orangerie du Château son exposition annuelle consacrée au thème « Artisanat et Industrialisation à Sucy », un thème que nous n’avions pas étudié depuis plusieurs décennies.

Un retour vers un passé lointain nous rappelle que lors de la construction du Fort de Sucy (1879-1881) a été retrouvé un trésor composé de pointes de flèche préhistoriques, que l’on peut encore admirer aujourd’hui au Musée d’Archéologie Nationale à Saint-Germain-en- Laye. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une œuvre de lointains ancêtres Sucyciens, mais plutôt d’un ensemble laissé par une petite communauté humaine en déplacement perturbé.

Revenons à des temps plus récents où Sucy entouré de bois en exploitait les richesses : près de 84 hectares de forêts étaient exploités sous la direction de gruyers qui réglementaient l’abattage des troncs par les bûcherons, dont certains faisaient de la forêt Notre-Dame leur habitation permanente. L’église Saint-Martin, le château de Sucy, l’Orangerie et la Métairie du Château, le Centre culturel ont conservé des charpentes de toute beauté, certaines en vaisseau renversé, tandis que de très beaux escaliers au presbytère, à la Métairie et au château montrent les prouesses réalisées par les charpentiers du XVIIe siècle. Le travail du bois a attiré au début du XXe siècle plusieurs ébénistes, les uns établis à Sucy, les autres dirigeant d’importantes ébénisteries au Faubourg Saint-Antoine. L’essor de la vigne à Sucy, avant la crise du phylloxéra, nécessitait le travail de tonneliers, qui est ici exposé dans tous ses détails, depuis la préparation des douelles jusqu’à la finition et le percement des bondes. L’œuvre d’un luthier, bien connu dans notre ville dans les années 1945-1960 est aussi présentée dans notre exposition.

Dans la première moitié du XXe siècle, des constructeurs, telles les entreprises Bemelmans, Camot, Colin et Collin, se sont illustrés en édifiant des pavillons en meulière, qui portent leur marque et ont donné une certaine unité à des quartiers de notre ville. De nombreux maçons complétaient leur œuvre, alors qu’avec le temps des « grands ensembles », la construction allait échapper aux entrepreneurs de Sucy.

Notre exposition n’oublie pas de faire place aux différents métiers qui enjolivent la vie humaine. L’horticulture, par exemple, est une activité ancienne liée à la présence de six châteaux à Sucy, à l’époque moderne. Puis apparaissent au début du XXe siècle plusieurs entreprises d’horticulteurs, Dagnet, Heurgué, Piat, Blin, Thiaux, dont malheureusement les serres ont été victimes de l’urbanisation croissante et de la hausse du prix des terres. Dans un autre domaine, la coiffure, Sucy a connu au XVIIe siècle deux maîtres-perruquiers, avant que s’ouvrent vers 1913 des salons de coiffure qui se féminisent et se multiplient à partir des années 1970, en même temps qu’apparaissent des parfumeries et des instituts de beauté.

La fin du XIXe et le début du XXe siècle marquent le début de l’industrialisation à Sucy, avec en 1885 une fabrique de cartouches à Amboile, devenue ensuite Amboile-Chimie, puis en 1894 la construction d’une usine à gaz disparue en 1977, et surtout avec en 1917 l’ouverture de l’entreprise verrière connue sous le nom de « Saint-Gobain », bien qu’elle se soit appelée Verrerie Brosse à ses débuts et aujourd’hui « SGD Pharma », qui se consacre à la fabrication de flaconnages pour la pharmacie ou la parfumerie. Principal employeur dans notre ville, l’entreprise avait construit en 1920 pour son personnel une cité, la rue Couturaud, constituée de petits pavillons, tous semblables, qui furent démolis en 1977. Notre exposition évoque aussi l’un des plus brillants directeurs de l’usine (1929-1946), Louis Thébault, qui évita à de nombreux ouvriers de partir pour le Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne pendant la guerre.

Dans les dernières décennies, l’activité industrielle s’est beaucoup développée à Sucy, avec l’installation des ateliers de la RATP, puis dans les années 60 la création de la zone d’activité des « Petits Carreaux » qui abrite aujourd’hui nombre d’entreprises, allant de la valorisation des déchets, à deux brasseries et à la fabrique de lunettes Cartier. Une zone d’activité qui se développe sans cesse et manifeste l’actuel dynamisme de l’industrialisation dans notre ville.

L’exposition de la SHAS est ouverte tous les après-midi, ainsi qu’en matinée les mercredi, samedi et dimanche (tables-rondes les dimanche après-midi). Ne manquez pas de venir la visiter.